cuisine belge

Vous connaissez tous la madeleine de Proust ? La madeleine qui quand on la savoure les yeux mi-clos vous emporte dans vos souvenirs ? J'ai aussi une "madeleine de Proust", une saveur qui me transporte en arrière. Il s'agit de la tartine au fromage blanc. Un truc tout bête, tout simple, ni gastronomique ni raffiné mais qui est chargé d'une tonne de souvenirs.

Il y a d'abord la préparation : le bon pain de campagne, le beurre de ferme, le fromage blanc ou maquée en wallon ou Platte kaas (plattekeis en Bruxellois) en flamand. les jolis radis ronds et rouges, promesse de plaisir, les jeunes oignons blanc, le sel et le poivre, l'assiette et le couteau. C'est prêt, l'aventure commence !

Un bon pain maison bien sûr ! http://thullie.over-blog.com/2016/03/pain-multicereales.html

On dépose une grande tranche de pain de campagne bis sur l'assiette ou sur une planche en bois. Avec le couteau on étale une fine couche (pas trop fine quand même) de bon beurre frais sur le pain.

Ensuite avec une cuillère à soupe on garnit généreusement la tartine de Fromage blanc, pas un de ces trucs allégés à 0° de matière grasse ni un fromage industriel mais du bon, du vrai fromage blanc fait avec du lait entier et de l'amour. (Fait maison c'est encore plus divin !).

Un soupçon de sel

Deux tours de moulin à poivre

Et là on s'applique : il faut garnir le fromage de petites rondelles d'oignon (facultatif) et de fines rondelles de radis. Ni trop, ni trop peu, bien rangées ou en pagaille, ça dépend du tempérament de chacun !

Ma tartine est prête, moi aussi, je suis prête pour un voyage dans mes souvenirs.

Je coupe un morceau de pain bien garni, je le porte à la bouche en fermant les yeux et je suis transportée loin loin en arrière, quand avec mes parents j'allais aux premiers beaux jours m’asseoir comme des centaines de Bruxellois à la terrasse d'un établissement de Notre Dame au Bois à la périphérie de Bruxelles. Un bien joli nom pour ce village aux portes de la capitale.

En Flamand l'endroit s'appelle Jesus- Eik (le chêne de Jésus) parce qu'il y avait là un très vieux et très grand chêne à la place duquel fut érigée la chapelle de Notre Dame au Bois.

A l'époque dont je vous parle, les plus riches faisaient le trajet en voiture, les autres en tramway vicinal mais tous se rendaient à Notre Dame au Bois dans le même but : manger une tartine au fromage blanc accompagnée d'une bonne Kriek ou d'une Gueuze.

C'était l'occasion de passer un bon moment en famille, loin (pas très) de la ville, prendre un bon bol d'air, comme disait Papa !

C'était au temps où on conversait en famille. On n'avait pas de télévision ni de robots ménagers, ni de téléphone qui sonne intempestivement au milieu du repas, ni de consoles de jeu ou d'ordinateurs. Il n'y avait pas non plus de chômage, la guerre était déjà un mauvais souvenir et on était simplement heureux !!!